J’observe ce qui se passe dans ma tête lorsque je médite et j’ai tout à coup le sentiment très fort que mon cerveau ne produit pas de pensées mais qu’il les capte. Ensuite seulement, je porte ou non mon attention sur cette pensée, je la laisse passer ou je la tricote, ou le plus souvent je me laisse embarquer par elle « à l’insu de mon plein gré » ! C’est comme si un doigt de fée venait désigner un tiroir, dans un certain état émotionnel interne et comportant des objets, des mémoires, des schémas, des représentations, des croyances…L’ouverture ou non du tiroir est le plus souvent involontaire et même inconsciente. En portant mon attention sur le phénomène, je me rends compte que je peux à cet endroit faire acte de volonté : je laisse passer la pensée ou je la tricote. Parfois l’attraction est trop forte et, malgré moi, le tiroir s’ouvre.
De cette observation, j’émets l’hypothèse suivante : Tout, absolument tout ce qui existe à aujourd’hui est une « forme pensée » c’est à dire a un correspondant sous forme de pensées. Ces formes pensées existent au sein d’un espace psychique interpersonnel auquel chacun accède selon son état interne conformément à la loi dite d’attraction, à savoir, grossièrement, « qui se ressemble s’assemble ». Ainsi, mon cerveau capte telle ou telle pensée en fonction de son état émotionnel et du contenu de ses « tiroirs ». A titre d’exemple, je capte la pensée « envoyer un mail d’encouragement à mon neveu » car ce que porte cette idée – neveu, soutien, attachement familial, volonté d’être appréciée, volonté de contribution… et les émotions qui les accompagnent – trouve un écho à l’intérieur de moi.
Cette hypothèse ouvre des voies de sens et de compréhension, et de son existence éventuelle, je tire quelques leçons :
1/ Adopter la posture d’observateur bienveillant de soi même, et notamment de ses pensées nous permet de nous connaître et nous montre de quoi nous sommes faits. Si nous entretenons par exemple de la rancœur et du ressentiment, et que ceux –ci sont forts, nous allons attirer des pensées de la même tonalité. Cela est vrai également si nous entretenons des pensées de joie, d’accomplissement, de gratitude…
2/ Nous pouvons, par un acte de volonté, décider de nous laisser embarquer – ou non – par telle pensée, décider – ou non – de la laisser prospérer. Pas toujours facile, me direz-vous, il existe des moments ou l‘attraction est si forte que je ne peux m’empêcher d’ouvrir le tiroir et de la tricoter. Prenons l’exemple d’un tiroir de rancœur et de ressentiment : si « je ne peux pas m’en empêcher », c’est que l’attraction entre la forme pensée extérieure et le contenu du tiroir en question (qui n’est qu’un parmi une infinité d’autres) est trop forte. Pour la faire baisser, plusieurs solutions s’offrent à nous :
- Rééquilibrer la force de l’attraction, et pour cela « faire circuler » entre les « tiroirs » : on peut le faire de façon physique : sortir, bouger, marcher, courir, jouer, crier, rire…. ; on peut le faire de façon émotionnelle en portant son attention sur d’autres émotions qui nous traversent incidemment –un soupçon de joie, de gratitude, de plaisir, de reconnaissance – et en les tricotant consciemment, c’est-à-dire en leur apportant de l’attention et de l’importance, on peut enfin le faire de façon spirituelle c’est-à-dire en élargissant son point de vue, en voyant le contenu du tiroir sous un autre angle
- Décider d’ouvrir consciemment le tiroir – et non pas se laisser embarquer par son contenu – et travailler dessus. Cela veut dire faire l’inventaire du contenu : des faits, des interprétations, des représentations, des croyances, des schémas…et, à la manière de Descartes, regarnir le tiroir de ce que nous choisissons consciemment. Ce travail d’inventaire ne suffit pas. Pour le parfaire, il faut accepter sans réserve et sans jugement « l’état interne », l’acceptation et l’amour de soi-même sont le solvant des émotions perturbatrices et de l’égo blessé et conditionné –mais nous aurons l’occasion d’en reparler..
- Créer, enfin. La création –artistique mais pas seulement- est un formidable moyen de se libérer de l’attraction qu’exercent nos « tiroirs » sur des formes pensées extérieures auxquelles nous aimerions bien ne pas rester accrocher, car elles les accouchent, mais de cela aussi nous reparlerons.
Je conclus aujourd’hui de tout cela, qu’il ne s’agit pas tant de maîtriser ses pensées que d’entretenir un état interne (par un travail sur soi tant physique, qu’émotionnel et spirituel) permettant de « capter » les pensées qui nous font du bien, et plus largement, d’accéder aux ressources dont nous avons besoin.
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