En médiation, les personnes accompagnées sont amenées à se recentrer sur elle-même. Elles sont guidées pour exercer leur conscience : il s’agit de distinguer les faits des interprétations, les
ressentis des jugements, les conséquences de leur état interne en réaction aux faits de la volonté de changer l’autre. Il s’agit pour elles de prendre acte de ce que provoquent, chez elles, le
comportement ou les dires de l’autre, de l’identifier, de l’accepter comme quelque chose qui leur appartient . Il s’agit de reprendre la responsabilité de ses émotions, de ses réactions et de ses
comportements, et sortir de la position de victime des autres et du monde. Ce « travail » passe par une libération des croyances, schémas automatiques et représentations qui réduisent notre champ
de « vision », d’appréhension de réel plus exactement, et nous font nous focaliser sur une seule solution. Et plus l’impact émotionnel est fort, plus le champ de vision se rétrécit. Il s’agit
donc en médiation d’accompagner chacune des personnes à élargir son champ de vision de la réalité, gage de l’émergence d’une solution commune, en développant sa conscience d’elle-même et des
autres. Il est alors possible, chacun centré sur lui (c’est-à-dire conscient et responsable et non pas égocentré), de décider puis d’agir.
Or l’émergence de la conscience est une quête spirituelle, celle-ci consistant à se rapprocher de soi et à se libérer de tout ce qui n’est pas soi (et notamment les croyances enfermantes, schémas
automatiques de réaction, pouvoir des émotions non reconnues). Qui est ce « Je » libéré ? quel est ce « Soi » qui décide et agit avec d’autant plus de liberté qu’il est plus conscient ? Certains
engagés dans cette recherche décident à l’avance qu’il n’est que matière (c’est en philosophie le courant matérialiste), d’autres décident à l’avance qu’il existe une transcendance et que le «
Soi » s’y rapporte (c’est en philosophie le courant spiritualiste et c’est bien sur le socle des religions), d’autres enfin, engagés dans une quête, cherchent, observent et découvrent sans
tenter –autant que faire se peut – de justifier tel paradigme plutôt que tel autre.
Le profond respect que le médiateur doit aux personnes qu’il accompagne, son humilité et l’obligation qu’il se fait de s’abstenir de tout jugement et de toute projection est une posture qui
relève à mon sens de la dernière posture du chercheur spirituel décrite ci-dessus, c’est-à-dire de celui qui cherche sans à priori. Il existe une communauté d’attitude.
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