Faites l’exercice sur une personne qui vous préoccupe en ce moment. Vous lui en voulez, ne serait-ce qu’un tout petit peu . Prenez une feuille et un crayon et écrivez « je suis (émotion : agacé, en colère, triste, déçue..) à cause de X parce que X… (écrivez là ce qu’il a fait ou dit qui vous mets dans cet état).
Voilà, il y a de grandes chances que dans la 2èmepartie de la phrase vous lui reprochiez quelque chose. Ce qu’il/elle a dit ou fait vous a blessé et n’est pas conforme à l’idée que vous avez de ce qu’elle aurait du dire ou comment elle aurait du se comporter.
Vous venez de reprocher à cette personne de ne pas être parfaite, dans cette situation, c’est à dire non conforme à ce qu’elle devrait être, selon vous.
Observez dans quel état vous êtes lorsque vous croyez qu’elle devrait être parfaite : en colère, dépressif, noué(e), ressassant le problème…. ?
Observez comment vous vous comportez avec la personne en question lorsque vous croyez qu’elle devrait être parfaite : conseilleur/jugeant, autoritaire, manipulateur, boudant, criant, trouvant un moyen de lui faire payer ?
Qu’est ce que vous vous dites dans votre tête, à son sujet ? au votre ? à celui de votre relation ? Surement que des trucs sympas !
Ne trouvez vous pas qu’exiger des autres qu’ils soient parfaits est une posture que l’on paye finalement très cher? Vous n’en avez pas assez de vous gâcher la vie ?
Moi, si. J’ai fini par réaliser que les autres sont comme nous mêmes, parfois grandioses et parfois minuscules, parfois égoïstes et parfois attentifs, parfois généreux et parfois radins, parfois gais et parfois tristes, parfois satisfaits et parfois insatisfaits, parfois intelligents et avisés et parfois dans le potage, changeant en fait.
Je vous entends d’ici rétorquer que, non, ce n’est pas parfois l’un parfois l’autre mais beaucoup plus souvent l’un (évidemment le côté négatif : égoïste, rabat joie, radin..) que l’autre. Mais ne nous y trompons pas : ce n’est que notre obsession à vouloir que les autres se conforment à l’idée que nous avons de comment ils devraient être, qui fait que nous les enfermons dans une identité (il ou elle est ceci ou cela) et que nous ne percevons pas qu’ils sont simplement changeants.
Changeants ! C’est notre nature, il n’y a rien à faire contre cela. Autant l’accepter. Résister ne fait qu’alourdir les situations. Nous savons très bien, pour nous mêmes, que nous ne sommes pas toujours grandioses, même si nous essayons de le cacher….alors pourquoi exiger des autres qu’ils le soient et leur faire payer quand ils sont limite… ? Au fond nous aimerions une vie où nous serions toujours au top, et les autres aussi…. Le seul souci, c’est que ce n’est pas la vie. La vie c’est le mouvement, le changement. Et lui résister fait mal.
L’enjeu à mon avis n’est pas d’essayer d’être au top en toutes circonstances mais d’accepter de fluctuer, on deviendrait beaucoup moins exigeants avec les autres, beaucoup plus humains aussi !
Car ne nous leurrons pas, nos récriminations, nos jugements, nos bouderies ou nos manipulations ne changent absolument rien à l’état de fait : les autres sont comme ils sont et nous aussi. Nous imaginons que notre attitude va les faire changer de comportement, ou que nous allons pallier leur « insuffisance » mais ca n’arrive jamais !
Ce que nous tentons de faire, ce n’est pas tant de changer l’autre, au fond nous savons que c’est peine perdue, mais de sauver une croyance à laquelle on tient, une vision du monde, une image idéale de nous mêmes, une image idéale de notre couple, de notre famille… Nous nous accrochons désespérément à ce que le monde, les autres, moi même devraient être, plutôt que d’oser avancer avec l’autre comme il est. Par notre colère, nous crions notre désaccord sur ce monde imparfait. Mais c’est douloureux et contre productif : Nous rêvons d’un monde où les conjoints seraient fidèles, attentifs, généreux, avisés, sécurisants, gais, drôles….où les familles seraient un nid douillet de ressourcement, ou les amis seraient des piliers sans faille, les enfants dévoués à leurs parents…et nous nous comportons comme des tyrans manipulateurs avec ceux qui ne rentrent pas dans cette image. Finalement en résistant à l’imperfection de l’autre, nous nous comportons à l’inverse du monde que nous souhaiterions faire advenir. Vous conviendrez avec moi qu’il s’agit d’une fausse route….
Abandonnons l’idée que la vie, les autres et nous mêmes devraient être parfaits, et osons vivre avec l’imparfait. On pourrait même dire osons vivre, tout court. Car la vie, les autres, moi même, sont ce qu’ils sont et non pas ce qu’ils devraient être.
Finalement, c’est beaucoup moins fatigant, plus joyeux, plus créatif et plus satisfaisant.
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