Le conflit c’est….Cette petite voix qui me fait croire
que mon problème c’est l’autre, que c’est ce qu’il a dit, fait ou pas fait qui me met dans l’état où je suis maintenant
Alors qu’il est tout aussi vrai de croire que mon problème c’est la réaction que j’ai en face du comportement de l’autre
Tout aussi vrai et beaucoup plus libérateur car si le « problème » est dans la façon dont je réagis, je peux trouver un moyen de le régler.
Cette petite voix explique que l’autre doit - ou aurait du - changer de comportement, et que ce changement chez l’autre est un préalable incontournable pour envisager un apaisement. Elle met des conditions.
Ce faisant, elle divise et crée des fossés et, au final, c’est ce dont je souffre le plus, car, comme tout le monde, ce qui me réjouit le plus c’est d’aimer ceux qui m’entoure, d’être aimé d’eux, de jouir de relations harmonieuses.
Cette petite voix me dit que je suis dans mon bon droit, que « chez moi », tout va bien et qu’il n’y a rien à changer.
Mais elle se trompe : ce qui ne va pas chez moi, ce n’est pas moi, c’est un endroit blessé de ma personnalité qui a simplement besoin d’être libéré.
D’une certaine façon, l’autre ne fait que me le montrer. C’est l’histoire revue et corrigée de la paille et la poutre : ce que je déteste chez l’autre, ce qui me fais si mal dans son comportement… est le reflet de quelque chose chez moi qui ne demande qu’à partir pour peu que je veuille bien aller voir.
Il est vrai que je n’ai pas le choix de contrôler mes réactions émotionnelles, je ne peux que constater que je suis débordé par ce qui se passe en moi en face de tel ou tel comportement de l’autre,
Il est tout aussi vrai qu’à ce moment là, dans cet état là, j’ai le choix : soit je transforme l’énergie des émotions en hargne, accusation, tristesse ou désespoir contre l’autre et je m’enferme dans la position de victime,
Soit je transforme l’énergie de ces émotions en attention bienveillante vers moi (vers l’autre, à ce stade, c’est impossible) en allant voir – au besoin en me faisant aider – quel est le bouton douloureux sur lequel l’autre appuie, pour le désactiver.
Ce que la petite voix du conflit essaie de faire, c’est de ne pas bouger et de faire changer le monde autour d’elle, elle est le reflet de l’enfant apeuré et impuissant que l’on continue à porter en soi. Maintenant que nous sommes « grands », nous sommes beaucoup plus puissants que cet enfant et que ce que l’on imagine. En tous cas bien assez pour oser se prendre en charge plutôt que de continuer à faire dépendre notre comportement de celui des autres.
Et, lorsque l’on renonce a vouloir faire changer le comportement des autres alors la vie devient beaucoup, beaucoup plus simple…. !
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Fabien (jeudi, 14 février 2019 18:50)
Bravo et merci Hélène pour cet article.
Laurent A (jeudi, 14 février 2019 18:54)
"Et, lorsque l’on renonce a vouloir faire changer le comportement des autres alors la vie devient beaucoup, beaucoup plus simple…. !"
j'adore....
Martine (jeudi, 14 février 2019 23:16)
C'est si vrai et dire qu'on perd si souvent son temps. Merci Hélène
Philippe (jeudi, 14 février 2019 23:59)
Parfaite description de ce que le médiateur, en séance de médiation, doit essayer de faire jaillir chez les médiés.
Problème : c'est très difficile et l'on n'y arrive pas à chaque coup !
Guillaume (vendredi, 15 février 2019 08:52)
Une autre approche serait de voir positivement le conflit, notamment le conflit d'idées qui est à la base de la démocratie et même de tout débat contradictoire. C'est la conclusion paradoxale du médiateur qui a besoin du conflit pour exister...
Helene (vendredi, 15 février 2019 09:07)
Tout à fait d'accord, le conflit est créateur, dans la mesure ou on met son énergie à trouver une troisième voie plutôt que se défendre ou essayer de prouver à l'autre que l'on a raison...et c'est tout le boulot -difficile- du médiateur d'amener les médiés dans cet état!
Alexandrine (vendredi, 15 février 2019 12:17)
Merci infiniment !
Quel bonheur cet article et quelle libération...
Elisabeth (vendredi, 15 février 2019 15:00)
Tout est simple et vrai, Merci Hélène!
Jacques (vendredi, 15 février 2019 16:07)
Merci Hélène,ce très beau message tombe vraiment au meilleur moment pour moi
Aude Gabrielle Sciocca (lundi, 18 février 2019 08:04)
Bonjour, et merci. Cela fait un bail...je me rappelle les méditations du lundi matin au Vésinet... Au plaisir de se revoir, Aude
Guénel Claire (mercredi, 06 mars 2019 09:56)
Merci beaucoup. Cependant lorsqu'il y a une lucidité, une prise de conscience en chaque partenaire dans le conflit,les échanges seront par la suite plus sincères, fructueux que lorsque je réagis seule, en pleine conscience.