Nos défauts ne sont que nos qualités activées par la peur

Nous n’avons pas des défauts et des qualités mais des « caractéristiques », des « traits de caractère », qui ne sont ni bons ni mauvais mais qui participent à la construction d’une personnalité globale, spécifique et unique. 

 

Soit ces caractéristiques sont mises en œuvre par peur de quelque chose, et cela devient un défaut, soit elles sont mises en œuvre par amour (ou plaisir, ou désir..) et cela devient des qualités. 

 

Par exemple, entre une personne économe et un radin il y a la peur de manquer et une croyance d’impuissance à assurer ses besoins ; entre un leader charismatique et une personne qui n’arrive pas à déléguer il y a la peur de perdre le contrôle et l’impuissance à se sentir en sécurité tout en montrant ses faiblesses ; entre une personne juste et avisée et une convaincue qu’elle a raison rigidifiée sur « la meilleure façon de faire », il y a la peur du reproche et l’impuissance à se sentir justifié sans rien faire, entre une personne qui voit toujours le bon côté des choses et une qui manque de compassion, il y a la peur d’être enfermé dans la souffrance, entre une personne prudente et une qui procrastine de peur de ne pas faire le bon choix, il y a la peur de ne pas être à la hauteur, entre une personne pleine d’énergie et d’enthousiasme et un « bourrin », il y a la peur d’être vulnérable, entre une personne fantasque et théâtrale et une furie il y a la peur de ne pas avoir d’importance….. 

 

Nos soi disant « défauts » ne sont que nos qualités activées par la peur. Nos plus grandes peurs sont différentes selon les types de personnalité mais elles ont toutes à voir avec la peur de ne pas être aimés, reconnus, légitimés, en sécurité. Elles sont toutes liées à l’impuissance ressentie à être naturellement aimés, acceptés, légitimés, en sécurité sans avoir à « faire » quelque chose, sans avoir à paraître différent de qui l’on est, à en rajouter, ou à en enlever.

 

Notre personnalité est un tout, avec ses caractéristiques, qui tantôt sont inspirées par la peur, la rétractation, et tantôt par l’enthousiasme, l’expansion. Notre personnalité, à l’image de tout ce qui est sur cette terre, est polarisée, elle est animée d’une énergie qui tantôt s’expanse (et nous ressentons de l’enthousiasme, de la confiance, de l’envie, du désir et une sensation corporelle d’ouverture) et tantôt se rétracte (et nous ressentons de la peur, de l’indécision, un manque de confiance et une sensation corporelle de resserrement). Notre personnalité fonctionne comme la respiration. Si nous faisons qu’inspirer, nous mourrons à coup sûr. Si nous n’avons que des qualités, nous n’avons plus qu’un pied, et nous nous écroulons.

 

Il est donc à mon avis tout à fait délétère de cristalliser les défauts, d’essayer de les gommer pour ne tendre que vers des qualités. D’une part c’est peine perdue, et d’autre part, c’est néfaste et contre productif : les « défauts » étant inspirés par la peur et l’impuissance, les stigmatiser, les reprocher, tenter de les faire disparaître ne peut qu’exacerber la peur de ne pas être aimés, reconnus… et ainsi déséquilibrer la personnalité vers la peur et ses sois disant « défauts ».

 

 

Un chemin spirituel, et même plus simplement relationnel, qui consisterait à s’améliorer, à atteindre un « bien », à ne plus garder que les qualités, me semble erroné. En revanche, aimer l’ensemble, défauts et qualités, à commencer par les siens, tout prendre en l’état, crée les conditions pour que la Vie puisse circuler librement à travers nous, sans être empêchée par les bouchons générés par les tensions, les jugements, les peurs de ne pas être « à la hauteur », ou « comme il faudrait ».

 

L’objectif d’être « mieux » par nos propres moyens, non seulement est illusoire, mais me semble finalement assez petit.

 

Changer de paradigme, cesser de classifier ce qui est bon ou mauvais, sortir de la souffrance que cela génère, permettrait de nous détendre. Et nous avons tous fait l’expérience de comment nous sommes lorsque nous sommes parfaitement détendus : beaucoup mieux que nous mêmes ! Alignés, à l’écoute, présent, créatif, dans le « flow » comme disent certains. C’est comme si  « quelque chose » s’emparait de nous, nous sommes à la fois acteurs et actés. Vous admettrez que c’est ainsi que nous aimons le plus expérimenter la vie, et que cet état  est tout à fait compatible avec les « défauts ». Non parce qu’ils n’existent plus, mais parce que ce n’est plus le sujet, que ce soit pour soi ou pour les autres.

 

En nous détendant, en nous prenant tels que nous sommes, en acceptant nos « qualités »  et nos « défauts » pour ce qu’ils sont, à savoir des respirations de la « matière » psychologique, en cessant la lutte pour être mieux, nous faisons place à « quelque chose » de plus vaste, que l’on peut appeler la Grâce ou la Vie… peu importe, qui transcende notre petite compta de ce qui est bon et ce qui mauvais, et qui nous donne accès au « Royaume » , une expérience de vie inattendue, sans commune mesure avec nos pauvres tentatives d’essayer, juste avec nos petites mains, d’être « mieux ».

 

Notre seul « travail » est de nous accepter (et d’accepter les autres, mais c’est la même histoire) pour laisser la Vie passer. Puis laissons la faire.

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Commentaires: 1
  • #1

    charles (jeudi, 05 septembre 2019 09:27)

    Hélène a tout a fait raison et son article est une merveille de clarté. En poussant la logique, on peut aller jusqu'à dire que nos plus gros défauts (issus de peurs comme tu le dis) sont potentiellement nos plus grandes qualités et inversement. Si l'on regarde attentivement, c'est même souvent la clef de notre attention (lire l'article suivant d'Hélène) et de nos réussites. Parce qu'il avait peur de ne pas plaire aux filles, Mark Zukerberg a inventé Facebook, Coco Chanel a été traumatisée par la vie et la mort de sa mère et voulait vivre libre et on ne comprend Marcel Proust qu'en sachant sa peur de mourir liée à l'asthme. C'est vrai pour chacun de nous. Merci Hélène;